OTTAWA, 24 oct. 2019 (GLOBE NEWSWIRE) -- Il se pourrait que des pesticides provenant d’insectes-proies contaminés soient emmagasinés dans la chair des chauves-souris en hibernation, ce qui affaiblirait leur système immunitaire et augmenterait les risques de maladies et de mort, d’après la Fédération canadienne de la faune (FCF).
« Plusieurs Canadiens ont répondu à l’appel quand nous avons dénoncé les effets néfastes des pesticides néonicotinoïdes (néonics) sur les espèces pollinisatrices; ils se sont joints à nous pour exiger des programmes nationaux de surveillance et de rétablissement d’habitats pour les papillons, abeilles sauvages et autres pollinisateurs. Toutefois, les chauves-souris du Canada pourraient être touchées tout autant et avoir besoin de notre aide aussi », affirme Carolyn Callaghan, biologiste de la conservation de la faune terrestre de la FCF.
Les populations de chauves-souris sont déjà en train de diminuer de façon drastique; la situation ne peut qu’empirer avec cette nouvelle menace.
« Des recherches supplémentaires sont requises pour comprendre comment ces pesticides nuisent aux chauves-souris, et pour déterminer ce que l’on peut faire pour diminuer la menace. Il nous faut également réexaminer nos méthodes de production alimentaire et incorporer des pratiques environnementales durables dans les systèmes agricoles. Les chauves-souris sont d’importantes alliées à la production alimentaire car elles sont d’efficaces prédateurs des ravageurs de cultures. Les protéger des effets des pratiques agricoles modernes viendra en aide aux agriculteurs. »
Les chercheurs ont aussi appris que les néonics peuvent nuire aux chauves-souris en réduisant l’abondance des insectes dont elles se nourrissent. Comme elles hibernent dans un état de torpeur, elles ont de moins bonnes chances de survivre si elles n’ont pas accumulé suffisamment de graisse avant l’hiver. De plus, quand les chauves-souris mangent ces insectes imprégnés de néonics, elles peuvent s’intoxiquer à leur tour. Des recherches ont démontré que ces pesticides peuvent avoir des conséquences pour ces mammifères, puisque leurs capacités d’écholocalisation et de manœuvres de vol complexes nécessaires à la capture de proies peuvent être affaiblies. Les chercheurs ont également découvert que les chauves-souris peuvent accumuler des néonicotinoïdes au fil du temps, a ajouté Callaghan. Des néonics ont effectivement été trouvés dans les tissus de spécimens prélevés en hiver dans le nord-est des États-Unis. Il a aussi été démontré que les néonics perturbent l’état de torpeur.
« Ce sont des nouvelles très inquiétantes », a dit Callaghan. « Quand une chauve-souris ne peut entrer et rester dans un état de torpeur tout l’hiver, sa santé est facilement compromise. »
On retrouve 19 espèces de chauves-souris au Canada, et elles font un travail de lutte antiparasitaire naturelle d’une valeur de millions de dollars chaque année. Et puisque plusieurs de ces espèces ne donnent naissance qu’à un seul petit par année, le rétablissement face à ces menaces est lent. Cinq des espèces au Canada sont classées comme étant menacées.
La FCF souhaite rappeler à tout le monde de ne pas manipuler les chauves-souris. La FCF a aussi développé plusieurs programmes pour inspirer la conservation de ces mammifères nocturnes. Pour en savoir plus, visitez Aidonsleschauves-souris.ca.
À propos de la Fédération canadienne de la faune
La Fédération canadienne de la faune est un organisme national à but non lucratif qui se consacre à promouvoir la prise de conscience et l’appréciation de notre monde naturel. Par la diffusion de connaissances sur l’incidence des activités humaines sur l’environnement, la subvention de recherches, la création et l’offre de programmes didactiques, la promotion de l’exploitation durable des ressources naturelles, la recommandation de changements de politiques et la coopération avec des partenaires aux vues similaires, la FCF vise à créer un avenir où les Canadiens vivront en harmonie avec la nature. Pour plus d'information, consultez le site Federationcanadiennedelafaune.ca.
Personnes-ressources :
James Pagé, Agent des programmes sur les espèces en péril et la biodiversité, jamesp@cwf-fcf.org 613-599-9594 x 242
Pamela Logan, Directrice des communications, pamelal@cwf-fcf.org 613-599-9594 x 250
Renseignements supplémentaires pour les médias:
QUE SONT LES NÉONICS?
Les néonicotinoïdes ont été introduits dans les années 1990, parce que de nombreux insectes devenaient résistants aux insecticides utilisés depuis longtemps. Ces nouveaux insecticides sont chimiquement liés à la nicotine et connus pour leur toxicité envers les insectes. Au Canada, on utilise cinq de ces pesticides (le thiaclopride, la clothianidine, l’acétamipride, l’imidaclopride et le thiaméthoxame) pour les cultures, dont le blé, le soya, les pois, les haricots, les fruits et les légumes. Ils sont appliqués sur les plantes sous forme d’enrobage de semences, dans des solutions de sols ou des pulvérisations sur les feuilles et les tiges. Ils demeurent actifs dans les plantes pendant des mois et dans les sols pendant des années.
COMMENT LES NÉONICOTINOÏDES AFFECTENT-ILS LES CHAUVES-SOURIS?
Les néonicotinoïdes pourraient avoir un impact sur nos chauves-souris bien-aimées de nombreuses manières :
- En épuisant les populations d’insectes, source de nourriture des chauves-souris
- En empoisonnant les chauves-souris qui mangent des insectes contaminés par les néonicotinoïdes
- En fragilisant le système immunitaire des chauves-souris et en les rendant vulnérables aux maladies
QUELS INSECTES LES CHAUVES-SOURIS MANGENT-ELLES?
Les chauves-souris peuvent manger jusqu’à 600 maringouins par heure.
Elles mangent également un grand nombre de ravageurs de cultures. Les principales espèces nuisibles et cultures où l’on peut retrouver les chauves-souris comprennent : les hannetons communs (graminées, céréales, betteraves à sucre, soja et pommes de terre), les vers fil-de-fer ou taupins (la plupart des cultures), les cicadelles (riz, pommes de terre, raisins, amandes, agrumes et cultures en lignes), les chrysomèles des racines du maïs/chrysomèles maculées du concombre (maïs, épinards, cucurbitacées), les punaises (arbres fruitiers, maïs, céréales et légumes), les vers gris (la plupart des cultures), les tordeuses (arbres fruitiers et arbres à noix) et les pyrales (arbres à noix, arbres fruitiers, canneberges).
Elles mangent aussi avec plaisir des insectes aquatiques. Par exemple, la petite chauve-souris brune est connue pour chasser régulièrement ses proies au-dessus de l’eau.
Dans les milieux agricoles et aquatiques, les chauves-souris se nourrissent d’insectes qu’elles chassent en vol et en glanant sur des surfaces végétales et aquatiques.
QUELLES SONT LES CONSÉQUENCES POUR LES CHAUVES-SOURIS SI ELLES SONT EXPOSÉES AUX NÉONICS?
Le problème survient lorsque les néonicotinoïdes imprègnent les insectes mêmes dont les chauves-souris se nourrissent. Les néonicotinoïdes sont très solubles dans l’eau et les larves d’insectes aquatiques sont extrêmement sensibles à ce pesticide mortel, qui a de plus le potentiel de limiter leur croissance, de les handicaper dans leurs déplacements et d’inhiber leur capacité à se nourrir. Les parasites agricoles pulvérisés par des néonicotinoïdes peuvent n’être exposés qu’à une quantité sublétale de pesticide ou la substance peut enduire leurs ailes, poils ou écailles.
Quand les chauves-souris mangent ces insectes empoisonnés, elles peuvent alors s’intoxiquer à leur tour. Toute exposition à des néonicotinoïdes peut avoir des conséquences pour ces mammifères, puisque leurs capacités d’écholocalisation et de manœuvres de vol complexes nécessaires à la capture de proies peuvent être affaiblies.
QUELLES SONT LES AUTRES MENACES AUXQUELLES LES CHAUVES-SOURIS FONT FACE?
Au cours de la dernière décennie, des millions de chauves-souris sont mortes au Canada.
La maladie du syndrome du museau blanc (SMB) a éliminé des millions d’individus en Amérique du Nord. De plus, elles sont exposées à d’autres menaces, d’autres sources de stress : perte d’habitat, pesticides, expulsions de leurs dortoirs.
QU’EST-CE QUE LA FÉDÉRATION CANADIENNE DE LA FAUNE FAIT DE PLUS POUR AIDER LES CHAUVES-SOURIS ET LES AUTRES ESPÈCES TOUCHÉES PAR LES NÉONICS?
- La FCF fait la surveillance de chauves-souris qui ont été expulsées de maisons dans la région d’Ottawa. Ce nouveau projet de recherche est financé par la Fondation communautaire d’Ottawa. Des propriétaires, une compagnie de contrôle des animaux nuisibles, un chercheur spécialiste des chauves-souris, des étudiants et des groupes communautaires sont tous impliqués dans ce projet. De plus, dans le cadre du projet, La FCF travaille avec des partenaires tels Naismith Men’s Shed dans le but de développer différents modèles d’abris pour chauves-souris afin de déterminer ceux que les chauves-souris préfèrent.
- La FCF demande aux Canadiens de nous dire s’ils observent des chauves-souris et de surveiller leurs abris pour chauves-souris. En ajoutant des photos et des observations sur iNaturalist.ca, le public contribue à bâtir une base de données nationale sur la biodiversité du Canada. Les scientifiques peuvent ensuite vérifier les observations et identifier les espèces photographiées.
- La FCF mène une campagne de sensibilisation à la nécessité de conserver et de rétablir les populations d’insectes au Canada. Comme les insectes sont une source de nourritures pour les chauves-souris, les oiseaux et les poissons, la chaîne alimentaire au complet sera en danger si leurs populations continuent de décroître ou de subir les conséquences néfastes des insecticides.
- La pétition lancée par la FCF pour exiger une stratégie nationale de surveillance et de rétablissement des pollinisateurs touchés par les néonics a été signée par plus de 120 000 personnes, et sera présentée au gouvernement cet hiver. Ceci est survenu après la pétition de 2018 dans laquelle on revendiquait un plan en cinq étapes : bannir les néonics, rétablir les espèces perturbées, promouvoir la recherche et le développement technologiques en gestion des espèces nuisibles, offrir d’autres choix aux agriculteurs, et réformer les mesures gouvernementales de protection de l’approvisionnement alimentaire.
QUE FAIT LE GOUVERNEMENT DU CANADA CONTRE LES NÉONICS?
En avril 2019, Santé Canada a annoncé l’élimination progressive et l’usage restreint de trois néonicotinoïdes (la clothianidine, l’imidaclopride et le thiaméthoxame), mais les changements n’entreront pas en vigueur avant 2021, et il y aura probablement des retards jusqu’en 2023-2025. Les restrictions ont été mises en place en raison de l’incidence de ces produits sur les insectes aquatiques plutôt que sur les pollinisateurs.
QUE FONT LES AUTRES PAYS CONTRE LES NÉONICS?
À la suite d’une pétition visant à mieux protéger la faune et la flore qui a amassé 1,75 millions de signatures, l’état allemand de la Bavière a annoncé cette année qu’il adoptera une loi pour protéger les pollinisateurs exigeant que 20 pour cent des terres agricoles répondent aux normes d’agriculture biologique d’ici 2025 avant d’atteindre 30 pour cent d’ici 2030. Dix pour cent des espaces verts de Bavière seront transformés en prairies de fleurs, et les rivières et cours d’eau seront mieux protégés contre les pesticides et les engrais.
POURQUOI LA FCF FAIT-ELLE L’APPEL DE LA CHAUVE-SOURIS AUJOURD’HUI?
La semaine des chauves-souris a lieu du 24 au 31 octobre 2019. Pour en savoir plus, visitez Aidonsleschauves-souris.ca.
Deux photos accompagnant ce communiqué sont disponibles aux liens suivants :
https://www.globenewswire.com/NewsRoom/AttachmentNg/0be7c1ac-0901-4066-a4bb-9ff29768c3dc/fr
https://www.globenewswire.com/NewsRoom/AttachmentNg/6b959b3d-2cab-4197-bc66-ac59eaa6dc59/fr