Les espèces de la planète ont chuté de 60 %


Un rapport du WWF révèle l’ampleur de notre impact sur la Terre

MONTRÉAL, 29 oct. 2018 (GLOBE NEWSWIRE) -- En à peine 50 ans, les populations mondiales d’espèces ont chuté de 60 % en moyenne, selon une étude mondiale dévoilée aujourd’hui dans le nouveau Rapport Planète vivante du Fonds mondial pour la nature (WWF). L’édition 2018 de cette étude biennale dresse un portrait sombre des effets néfastes des activités humaines sur les espèces animales, les forêts, les océans, les rivières et le climat. Il souligne l’urgence d’agir et la nécessité d’adopter dès maintenant de nouvelles approches à grande échelle afin de valoriser, de protéger et de restaurer la nature.

Le contexte canadien
Les espèces du Canada ne font malheureusement pas exception à cette crise mondiale de la biodiversité. Le récent Rapport Planète vivante Canada du WWF conclut que la moitié des espèces vertébrées examinées au pays sont en déclin, et que ces dernières ont chuté de 83 % en moyenne. Le rapport en arrive également à la conclusion que même les espèces menacées protégées par le gouvernement fédéral ont poursuivi leur déclin, malgré l’entrée en vigueur de la Loi sur les espèces en péril.

Megan Leslie, Présidente et chef de la direction du WWF-Canada, déclare :
« En faisant pression sur la nature, nos demandes croissantes condamnent les espèces à la disparition. On ne parle pas seulement des éléphants, des rhinocéros et des tigres, mais aussi des espèces de chez nous. Du caribou à l’épaulard résident du Sud, en passant par le béluga du Saint-Laurent, les espèces canadiennes ont été poussées au bord du gouffre par les activités humaines et leurs impacts sur la nature.

Nous sommes à un point tournant : nous avons encore la possibilité de réduire notre impact sur la nature et de ralentir le déclin des espèces. Le Canada s’est engagé à protéger, d’ici 2020, des aires terrestres dont la superficie équivaut à celle de l’Alberta. Si on fait les choses correctement, c’est-à-dire en choisissant des aires interconnectées ayant une réelle importance pour les espèces, nous pourrions réaliser un progrès significatif dans le soutien de notre biodiversité. Mais si nous gaspillons cette opportunité, nous condamnerons plusieurs espèces au déclin de leurs populations, voire à l’extinction. »

La science derrière les chiffres
Le Rapport Planète vivante 2018 fait un bilan exhaustif de l’état actuel de notre environnement, 20 ans après la première édition de cette publication phare. Grâce à de multiples indicateurs – tels que l’indice planète vivante (IPV) fourni par la Société zoologique de Londres (ZSL), l’indice habitat des espèces, l’indice liste rouge de l’UICN et l’indice d’intégrité de la biodiversité –  et en tenant compte de l’empreinte écologique et des limites de notre planète, ce rapport dresse un portrait inquiétant : les activités humaines sont en train de pousser les écosystèmes qui maintiennent la vie des espèces au bord du gouffre.

Qu’est-ce qui provoque ce déclin mondial des espèces?
Le rétrécissement des habitats, causé par l’agriculture et la surexploitation des espèces, reste la plus grande menace à la biodiversité et aux écosystèmes mondiaux. Ce danger est particulièrement évident dans les régions tropicales, où le déclin des espèces est encore plus important. À peine un quart des terres de la planète échappe aux répercussions des activités humaines, et on prévoit que d’ici 2050, cette proportion chutera à un dixième seulement.

Qu’il soit provoqué par la foresterie, l’agriculture, l’urbanisation ou le développement industriel, le rétrécissement des habitats est aussi la plus grande menace qui pèse sur les espèces du Canada. Les forêts boréales et les zones humides, deux importants puits de carbone, ont connu des perturbations considérables au pays.

Les changements climatiques représentent une menace croissante qui se répercute déjà sur les écosystèmes et les espèces.

Que peut-on faire?
Le Rapport Planète vivante confirme l’urgence d’agir évoquée dans le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) publié plus tôt en octobre. Intitulé Réchauffement planétaire de 1,5 °C, le rapport démontre que nous sommes en plein cœur d’une crise planétaire causée par les activités humaines et que nous poursuivons toujours dans la mauvaise direction.

Jusqu’à présent, un déclin mondial de 60 % des espèces n’a pas suffi à faire bouger les gouvernements, les entreprises et les individus. Comme pour les changements climatiques, il est impératif d’agir immédiatement si l’on veut ralentir la courbe du déclin de la biodiversité.

Tous les paliers de gouvernement, les entreprises, les industries et le grand public doivent joindre leurs forces sans plus tarder, afin de répondre aux exigences de base en ce qui a trait à la biodiversité, aux aires protégées et à l’engagement pour la lutte contre les changements climatiques en sol canadien. Si nous n’agissons pas dès maintenant, nous serons témoins d’un sérieux déclin des espèces, dont plusieurs se dirigent tout droit vers l’extinction. Le WWF-Canada prône plus particulièrement : 

• D’atteindre nos objectifs d’aires protégées et de bonifier le réseau avec des sites de grande qualité en milieux terrestres et aquatiques, lesquels devront prioriser les espèces en péril et bénéficier au plus grand nombre d’espèces. De plus, ces aires protégées agiront comme importants puits de carbone; 

• D’atteindre nos objectifs d’aires marines protégées et de bonifier le réseau par la création de nouveaux réseaux d’aires marines protégées qui donneront priorité aux habitats essentiels ainsi qu’aux aires d’alimentation propres aux espèces en péril, en plus d’exclure le développement et les activités d’extraction néfastes telles que l’exploration pétrolière et gazière dans les aires marines protégées et les refuges marins existants; 

• Une volonté politique d’utiliser les outils fournis par la Loi sur les espèces en péril afin de prévenir l’extinction de nos espèces les plus vulnérables, en émettant, par exemple, un décret d’urgence en vue d’aider les épaulards résidents du Sud; 

• L’élimination rapide des subventions octroyées à l’industrie des combustibles fossiles, puis le soutien de la transition vers des énergies renouvelables et favorables aux écosystèmes naturels; 

• Des mises à jour à la loi 69 (Loi sur l’évaluation d’impact) en vue de garantir, lors de toute prise de décision importante liée au développement, une évaluation basée sur les répercussions connues sur le climat et la biodiversité, y compris :

  • Un budget carbone qui limite les émissions afin de ne pas excéder un réchauffement de 1,5 °C
  • Des évaluations régionales stratégiques tenant compte des effets cumulatifs du développement sur les espèces et les écosystèmes. 

Deux récentes décisions du fédérale permettront d’améliorer la protection des espèces au Canada :

  • L’habitat des poissons et d’autres espèces d’eau douce sera mieux protégé sous la nouvelle Loi sur les pêches (adoptée par la Chambre des communes en juin dernier), ce qui aidera à préserver les débits essentiels à la santé des espèces et des systèmes d’eau douce.
  • Les mammifères marins, les poissons-proies et d’autres espèces marines seront mieux protégés lorsque les recommandations du Comité de conseil national sur les normes concernant les aires marines protégées seront intégrées à la législation, soumettant ainsi les aires marines protégées du Canada aux normes internationales qui interdisent, entre autres choses, les activités pétrolières et gazières.

Conclusions majeures du Rapport Planète vivante

  • Le déclin des populations est particulièrement marqué dans les régions tropicales, l’Amérique latine et les Caraïbes ayant subi des pertes de 89 % depuis 1970.
  • La dégradation et le rétrécissement des habitats sont les principales menaces touchant la biodiversité mondiale.
  • Les espèces d’eau douce ont connu un déclin radical, comme en témoigne un indice démontrant une diminution de 83 % depuis 1970.

Conclusions majeures du Rapport Planète vivante Canada

  • Mammifères : les populations ont chuté de 43 %.
  • Amphibiens et reptiles : les populations ont chuté de 34 %.
  • Poissons : les populations ont chuté de 20 %.
  • Oiseaux : bien que certaines espèces d’oiseaux montrent des signes de rétablissement, d’autres s’en sortent moins bien. Les populations d’oiseaux des prairies étudiées ont chuté de 69 %; celles d’insectivores aériens, de 51 % et celles d’oiseaux de rivage, de 43 %.

À propos du WWF-Canada
Le WWF propose des solutions aux grands défis de conservation qui nous tiennent tous à cœur. Nous menons des projets dans des lieux uniques et de grande valeur environnementale afin que la nature, les espèces et les communautés puissent cohabiter en toute harmonie. wwf.ca/fr 

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Laurence Cayer-Desrosiers, Spécialiste communications, WWF-Canada 
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